À Paris comme dans d’autres grandes villes françaises, un scandale a éclaté en 2025 : celui des fausses pintes. Derrière ce terme anodin se cache une pratique déloyale de certains établissements qui servent des verres de bière au volume inférieur à celui annoncé, tout en facturant le prix fort. Une situation d’autant plus dérangeante que la “pinte” n’est pas strictement définie dans la loi française. Décryptage d’un phénomène qui agite les amateurs de mousse, et conseils pratiques pour ne pas en être victime.
Les pintes parisiennes de 50cl font en fait 40cl
Tout commence par une interrogation : la “pinte” doit-elle forcément contenir 50 cl ? En France, contrairement à d’autres pays comme le Royaume-Uni où le volume est strictement codifié (568 ml, soit une pinte impériale), la réglementation reste floue. L’absence d’une définition légale précise ouvre la porte à des dérives : des bars servent parfois des verres contenant seulement 40 cl, voire 37,5 cl, tout en conservant l’appellation “pinte”.
Le problème devient plus grave lorsqu’une carte mentionne explicitement “pinte 50 cl” et que le verre servi ne tient pas cette promesse. Dans ce cas précis, il s’agit d’une infraction au Code de la consommation, qui prohibe toute pratique commerciale trompeuse.
Un collectif citoyen, “Balance ta pinte“, a d’ailleurs lancé l’alerte en début d’année. En quelques semaines, il a recueilli plus de 2 000 signalements à travers la France, dénonçant des verres sous-dosés. Face à l’ampleur des accusations, l’organisation a suspendu la publication de ses résultats, faute de pouvoir vérifier systématiquement les plaintes.
Pourquoi est-ce si difficile de s’y retrouver ?
La difficulté vient de l’absence de norme claire sur le territoire français. Tandis que certains établissements jouent le jeu et utilisent des verres estampillés avec des indications de volume, d’autres profitent de cette faille pour gonfler leurs marges.
Dans les bars où l’usage des verres calibrés n’est pas systématique, il devient ardu de juger à l’œil nu si le volume est conforme. Le résultat ? Une perte d’environ 10 à 12 centilitres par verre, soit l’équivalent d’une bonne gorgée, payée au prix fort.
Comment éviter de se faire avoir ?
Même si la vigilance ne remplace pas une réglementation stricte, quelques astuces simples permettent de limiter les risques d’arnaque lors de vos prochaines sorties :
1. Vérifiez le verre
Privilégiez les bars qui servent leurs bières dans des verres gradués ou portant un estampillage CE (Conformité Européenne) avec un trait de jauge. Ces verres garantissent que le volume affiché est respecté.
2. Scrutez la carte
Avant de commander, consultez la carte. Si le terme “pinte” est associé à “50 cl”, et que le volume semble visiblement moindre une fois servi, vous êtes en droit de le signaler. À défaut d’indication précise sur la carte, méfiez-vous : l’appellation seule ne garantit rien.
3. N’hésitez pas à demander
En cas de doute, posez la question directement au serveur ou au gérant sur la contenance exacte du verre. Les établissements sérieux ne prendront pas ombrage d’une telle question et seront transparents sur les volumes servis.
4. Utilisez des applications de signalement
La plateforme officielle SignalConso permet de signaler de manière anonyme les établissements soupçonnés de pratiques trompeuses. Votre plainte sera transmise à la DGCCRF (Répression des Fraudes) qui pourra enquêter.
5. Attention aux formats “maison”
Certains bars inventent des formats intermédiaires (par exemple, “grande bière” sans autre précision) qui créent l’illusion d’une pinte sans en être une. Soyez attentif aux termes employés.
6. Comparez les prix
Un prix particulièrement bas pour une “pinte” peut sembler attrayant, mais il cache parfois un volume inférieur à celui attendu. Méfiez-vous des offres trop belles pour être honnêtes.
On se fout de vous
Au-delà de la simple quantité de bière, c’est la confiance entre consommateur et commerçant qui est en jeu. Les faux volumes entachent l’image des établissements qui respectent leurs clients et alimentent une méfiance généralisée. Si certaines associations de consommateurs appellent à clarifier la législation, rien n’interdit en attendant de faire preuve de prudence.
En attendant une éventuelle réforme, mieux vaut garder l’œil ouvert… et la pinte bien remplie !